Souvenez-vous de votre jeunesse folle, à chérir votre pied de biche adoré et à ramper dans des conduits d’aération en guettant les bruits suspects. Vous étiez un jeune chercheur du MIT qui venait de foirer une expérience dans un centre de recherche ultra secret, vous étiez Gordon Freeman.
Le scientifique le plus célèbre du jeu vidéo souffle aujourd’hui sa 10ème bougie. C’était le 19 novembre 1998 que Valve donnait naissance à Half Life et révolutionnait le FPS dans la foulée, mine de rien.
Valve, via Steam, marque le coup et propose jusqu’au vendredi 21 novembre sur Steam de s’offrir Half Life pour 0,98$. Valve aurait quand même pu se la jouer grand seigneur et mettre Half Life en abandonware gratuitement. Mais pour tous les retardataires ou les curieux, c’est une bonne occasion de redécouvrir la “légende Half Life” pour peu que vous puissiez faire abstraction des graphismes forcément dépassés.
10 ans de Half Life ? So What ?
Half life a marqué le monde vidéoludique sur 3 points : ses graphismes de folie pour l’époque / son histoire scénarisée / L’intelligence artificielle des ennemis
En 1998, combattre les militaires dans Half Life, c’était le rêve absolu du gamer. Les ennemis vous contournaient, vous faisaient sortir de votre cachette à coup de grenade, se mettaient à couvert. Chaque rencontre donnait lieu à des moments épiques qui alimentaient nos discussions dans les récrés au lycée.
Devant le succès écrasant d’Half Life (15 millions de jeu vendu, c’est énorme pour l’époque), tous les producteurs de FPS se sont mis au pas, il fallait dorénavant avoir : les graphismes qui poutrent, l’IA qui tabassent et le scénario le plus scotchant.
En 10 ans, beaucoup d’appelé et très peu d’élu.
1999
En 1999, on notera l’incroyable System Shock 2, FPS au limite du RPG survival horror où son pistolet s’enraye et où on se cache derrière un bureau avec sa clé en molette, tremblant de peur. Les graphismes et l’IA sont loin derrière mais l’histoire du vaisseau spatial Von Braun à la dérive était tout simplement géniale.
Autre surprise, Kingpin, un FPS dans l’univers de la mafia et des gangs. Graphisme léché mais surtout ton ultra violent et gestion d’équipe vraiment efficace. Une très bonne surprise malgré une histoire bateau au possible.
Mais le gros succès commercial de l’année, c’est bien évidemment Medal of Honor, LE jeu qui fait qu’on se bouffe de la Seconde Guerre Mondiale dans les FPS depuis. Mais rien que pour l’incroyable scène du débarquement en Normandie, le succès est mérité. MoH, de par son aspect historique permet de poser un vrai scénario, certes bidon mais cautionné par l’univers et surtout porté par la réalisation cinématographiques des phases de jeu.
Mais 1999, c’est aussi l’année de l’excellence du FPS “old school” avec le magistral Quake 3 Arena, monument de sauvagerie vidéoludique inégalé encore aujourd’hui.
Dans les bonnes surprises de l’année : Blood 2 The Chosen, scénario et réalisation passe partout mais univers violent et humour noir très rafraichissant et Alien vs Predator, pour avoir prouvé qu’on pouvait faire un jeu à licence qui soit réussi (en dehors de Lucas Arts)
2000
Après une année aussi bonne, 2000 sera l’année de Deus Ex. Le papa de System Shock y a mis tout son savoir faire pour pondre un monument. Mais l’approche RPG et le scénario complexe de Deus Ex le classe (ou le surclasse) par rapport à un Half Life qui a su mixer plaisir de jeu et scénario à rebondissement sans prises de tête.
Face au géant, on notera avec plaisir No One Lives Forever, une parodie de James Bond girl avec Cate Archer qui combat une organisation mondiale du crime aussi bien organisée que l’entreprise de Dilbert. Frais et efficace.
2001
En 2001, circulez y’a rien à voir. Red Faction avec ses décors destructibles, Serious Samet sa sauvagerie débilisante ni même Halo avec son univers SF ne mérite le détour. Des jeux divertissants mais sans originalité. On notera tout de même Operation Flashpoint avec son parti pris “simulation” complètement tripant (mais atrocement rébarbatif)
2002
2002, c’est l’année de Battlefield 1942. Ce FPS uniquement multijoueur (enfin, à moins que vous n’aimiez jouer qu’avec des bots) marque le pas en terme de jeu online. Son univers et ses modes de jeu lui assurent un succès mérité. En revanche, on entre dans une nouvelle dimension, loin d’Half Life, avec son orientation exclusivement online sans mode solo avec une histoire.
2003
2003, on pourra noter Vietcong et Call of Duty, pas original quant au fond mais le traitement cinématographique permet d’oublier les creux du scénario. XIII sera aussi remarquable avec son graphisme cell shading très BD. Dommage que l’histoire soit aussi peu intéressante malgré le background de la BD.
2004
2004, c’est l’année du ratage de Doom 3 qui a voulu faire son Half Life (et qui, au final, est juste chiant) mais c’est surtout l’année d’Half Life 2. Fait-il aussi bien que son ainé ? Hélas non, au delà d’un graphisme superbe et d’une gestion physique ahurissante, Half Life 2 s’embourbe dans une histoire barbante, rempli les vides par des scènes en véhicule et surtout se boucle sur un “to be continued” révoltant (au regard de la durée de vie du premier opus, le 2 est court et laisse sur sa faim)
Non en 2004, la véritable perle est à voir du coté de Far Cry, seul jeu à égaler Half Life avec ses graphismes de folie, son univers ouvert et l’intelligence artificielle redoutable des mercenaires. Dommage que l’histoire de Jack Carver et de sa chemise rouge soit aussi peu intéressante.
2005
En 2005, c’est F.E.A.R qui tient le haut du pavé. Graphisme qui tape, univers horrifique original, IA efficace et bullet time jouissif, les gars de Monolith ont compris comment faire plaisir au joueur.
2006
En 2006, c’est l’année des déceptions, Prey est chiant avec son système de switch corporel, Black semble sorti d’un autre temps (sauter ? mais pourquoi faire ?), dans les mentions honorables, on a Battlefield 2142, le meilleur de la série mais qui ne renouvèle en rien le genre et Rainbow Six Vegas qui simplifie le gameplay Rainbow Six pour le mettre à la portée des bourrins comme moi. La seule bonne surprise de l’année, c’est Dark Messiah of Might and Magic qui propose un univers médiéval violent, jouissif et une histoire certes peu originale mais rarement aussi bien traité.
2007
2007, un bon cru sans surprise. Le FPS est maintenant un genre connu et reconnu, les éditeurs savent ce que les gens veulent et ne prennent pas de risques. Call of Duty 4 ou Crysis en sont de bons exemples. Des graphismes qui déchirent, mais une histoire qu’on n’écoute pas et des ennemis débilos au possible. Mention spéciale pour Bioshock, qui assure une histoire originale et surtout un univers incroyablement prenant. Dommage que les graphismes soient déjà has been au moment de la sortie. Autre mention spécial navet pour Clive Barker’s Jericho, le FPS horreur de Barker est juste navrant de chiantise (c’est un peu comme regarder le DVD de Critters 3 en espérant avoir peur)
2008
2008 confirme la tendance charentaises du FPS. Crysis Warhead, sympa mais aussitôt fini, aussitôt oublié, Rainbow Six Vegas 2, divertissant mais sans plus, Far Cry 2, ratage complet. Reste STALKER Clear Sky, mais en dehors de son univers original, l’histoire est classique au possible.
Conclusion :
il y a 10 ans, Half Life avait jeté les bases du FPS pour adulte. Long, dur, rythmé, monté comme une série avec ses épisodes, original et fun à jouer. En une décennie, certain prétendant on réussit à égaler le maitre, je pense notamment à F.E.A.R, Far Cry ou Deus Ex. Beaucoup ont excellé sur des points précis (la mise à scène des Call of Duty, le graphisme des Crysis, le mode online des Battlefield) mais rien n’a égalé la claque du premier Half Life. Même sa suite, bien que réussie, reste en deçà. Faut-il attendre un vrai Half Life 3 pour une nouvelle révolution ?

Half Life 3 photo réaliste ? Faut se méfier des imitations…